FLASH Recherche : Détresse psychologique et épuisement professionnel : Contribution des facteurs du travail, hors-travail et individuels
Détresse psychologique et épuisement professionnel : Contribution des facteurs du travail, hors-travail et individuels
Le premier cycle de l’Étude longitudinale de l’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (ELOSMET) comprend actuellement 90 milieux de travail canadiens et leurs employés participant pour une première fois à cette étude entre le 10 avril 2019 et le 8 avril 2021. Un total de 3025 employé.es âgé.es de 18 ans et plus ont accepté de compléter un questionnaire en ligne, pour un taux de réponse de 44,9%.Ce FLASH Recherche présente les résultats préliminaires de la contribution des facteurs du travail, hors-travail et individuels à deux indicateurs de santé mentale au travail : la détresse psychologique et l’épuisement professionnel. Un précédent FLASH Recherche (janvier 2021) a mis en lumière une prévalence élevée pour ces deux problèmes chez les personnes qui participent à l’ELOSMET1.
1. Les facteurs évalués
2. Les résultats préliminaires
Facteurs du travail
- Détresse psychologique :
- Plus faible lorsque le niveau d’autorité décisionnelle et la reconnaissance au travail sont élevés
- Plus élevée lorsque les demandes psychologiques, les conflits interpersonnels, le harcèlement et l’insécurité d’emploi sont élevés
- Épuisement professionnel :
- Plus faible lorsque l’utilisation des compétences, le soutien de la supervision, la reconnaissance au travail et la justice procédurale sont élevés
- Plus élevé lorsque les demandes psychologiques, les conflits interpersonnels, le harcèlement et l’insécurité sont élevés
- La détresse psychologique et l’épuisement professionnel ont en commun les demandes psychologiques, les conflits interpersonnels, le harcèlement et l’insécurité d’emploi
Facteurs hors-travail
- Détresse psychologique :
- Plus faible lorsque la personne vit en couple
- Plus élevée lorsque les tensions maritales et les conflits famille-travail/travail-famille sont élevés
- Épuisement professionnel :
- Plus élevé lorsque les conflits travail-famille sont élevés
- La détresse psychologique et l’épuisement professionnel ont en commun les conflits travail-famille.
Facteurs individuels
- Détresse psychologique :
- Plus faible lorsque la personne est plus âgée et que le capital psychologique est élevé
- Plus élevée lorsque les problèmes de santé chroniques sont présents et qu’il y consommation de cannabis
- Épuisement professionnel :
- Plus faible lorsque la personne est plus âgée et que le capital psychologique est élevé
- Plus élevé lorsque les problèmes de santé chroniques sont présents
- La détresse psychologique et l’épuisement professionnel ont en commun l’âge de la personne, les problèmes de santé chroniques et le capital psychologique.
Conclusion
Les résultats préliminaires présentés ici suggèrent qu’au-delà du contexte marqué par la COVID-19, la taille de l’entreprise et son secteur économique, la détresse psychologique et l’épuisement professionnel sont associés à des facteurs du milieu de travail, hors-travail et des caractéristiques individuelles. La situation hors-travail semble toutefois jouer un rôle plus important lorsque les symptômes de santé mentale ressentis sont ceux de la détresse psychologique plutôt que l’épuisement professionnel.
Bien que préliminaires, ces résultats permettent de dégager les constats suivants :
- En milieu de travail, la possibilité d’utiliser ses compétences, de pouvoir prendre des décisions de façon autonome, de compter sur le soutien de la supervision, d’être reconnu pour le travail accompli et de travailler dans une organisation dont les pratiques et procédures reposent sur des principes de justice, apparaissent comme des éléments favorables pour protéger la santé mentale des individus. Cependant, les demandes psychologiques, c’est-à-dire la charge de travail, le rythme de travail et les demandes conflictuelles, ainsi que les problèmes liés aux conflits interpersonnels, l’exposition à du harcèlement de nature physique, psychologique ou à caractère sexuel, de même que l’insécurité d’emploi s’associent à un niveau de symptômes plus importants de détresse psychologique et d’épuisement professionnel.
- A l’extérieur du milieu de travail, le fait de vivre en couple semble atténuer la détresse psychologique ressentie, mais plus les tensions avec le ou la conjointe sont importantes et plus les difficultés à concilier les demandes du travail et de la famille sont élevées, plus la santé mentale semble fragilisée. Seuls les conflits travail-famille apparaissent importants pour l’épuisement professionnel.
- Pour les caractéristiques individuelles, être plus âgé et posséder un capital psychologique plus important, c’est-à-dire une personnalité marquée par un sentiment d’auto-efficacité (confiance en soi), d’espoir, de résilience et d’optimisme, s’avèrent favoriser un ressenti plus faible de symptômes de santé mentale associés à la détresse psychologique et l’épuisement professionnel. Cependant, un état de santé fragilisé par un ou des problèmes de santé chroniques tendra à perturber la santé mentale.
La prévention des problèmes de détresse psychologique d’épuisement professionnel est donc possible par le biais d’interventions pouvant toucher à la fois le milieu de travail, la situation hors-travail et certaines caractéristiques individuelles. Les résultats préliminaires de l’ELOSMET indiquent toutefois que ces problèmes sont complexes, et demandent à être évalués non seulement sous l’angle du milieu de travail, mais également en prenant compte de ce que les personnes vivent à l’extérieur de l’entreprise, leur état de santé, leurs trajectoires de vieillissement et leurs traits de personnalité. Une approche intégrée qui met en place des pratiques de gestion favorisant le contrôle des conditions de travail, la conciliation travail-famille et la santé de la personne pourra assurément donner des résultats positifs pour protéger la santé mentale et permettre à l’entreprise de mieux contrôler ses problèmes d’absentéisme au travail2-3.
Références
1. Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (janvier 2021). Importance des problèmes de santé mentale en milieux de travail avant et pendant la crise de la COVID-19 : Les premiers résultats du cycle-1 de l’ELOSMET. Collection FLASH Recherche, Université de Montréal. https://www.osmet.umontreal.ca/flash-recherche-la-sante-mentale-en-milieux-de-travail-en-temps-de-pandemie/ 2. Marchand, A., Haines, V. Y., Harvey, S., Dextras‐Gauthier, J., and Durand, P. (2016) Health and Stress Management and Mental‐health Disability Claims. Stress & Health, 32: 569–577. doi: 1002/smi.2663. 3. Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (Octobre 2020). 2. Absentéisme et pratiques de gestion de la santé et du mieux-être au travail. Collection FLASH Recherche, Université de Montréal. https://www.osmet.umontreal.ca/flash-recherche-labsenteisme-et-les-pratiques-de-gestion-en-sante-et-mieux-etre-au-travail/
Site web: www.osmet.umontreal.ca
A propos de l’OSMET
L’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (OSMET) est né d’une collaboration avec la Faculté des arts et sciences, l’Institut de recherche en santé publique (aujourd’hui devenu le Centre de recherche en santé publique) et l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal. L’OSMET bénéficie du soutien financier de quatre partenaires fondateurs : Solutions Mieux-être LifeWorks (auparavant Morneau Shepell), McKesson Canada, Croix Bleue Medavie et Pratt & Whitney Canada.
Ce contenu a été mis à jour le 13 juillet 2023 à 1h33.