FLASH Recherche: Les meilleures pratiques pour intervenir et diminuer les problèmes de santé mentale au travail

Le catalogue des meilleures pratiques est un catalogue en ligne sur le site internet de l’OSMET ¹. Il vise à faire un portrait de l’efficacité des interventions en milieu de travail qui ont pour objectif d’améliorer la santé et le mieux-être des travailleurs en se basant sur les connaissances scientifiques. L’un des objectifs de ce catalogue est qu’il puisse servir de boîte à outils pour les personnes qui s’y réfèrent. Grâce à l’ensemble des données de la littérature, ce catalogue pourrait permettre aux organisations de prendre des décisions sur la manière d’intervenir pour améliorer la santé et le mieux-être de leurs employés.

Pour ce faire, nous avons adopté une méthode dite de revue systématique et méta-analyse des méta-analyses. Une méta-analyse est une étude qui regroupe les résultats de plusieurs études individuelles et qui tente, en combinant les résultats de ces multiples études, de tirer une conclusion globale. Dans le cas du catalogue, nous avons répertorié les méta-analyses qui avaient comme question de recherche d’évaluer l’efficacité de certains types d’interventions dans les milieux de travail par rapport à la détresse psychologique, la dépression et l’épuisement professionnel, et nous les avons regroupées. Nous avons utilisé le classement basé sur la typologie des pratiques de gestion de l’OSMET qui possède trois niveaux : un niveau micro (les interventions sont orientées vers l’individu), un niveau méso (les interventions sont basées sur les conditions de travail), un niveau macro (les interventions mettent l’accent sur la communication et la régulation des risques) ². Par la suite, nous avons associé un code de couleur au degré de force de l’effet de l’intervention basé sur les feux de circulation. Ainsi, une intervention qui est efficace, mais de façon faible a un feu de circulation rouge, jaune lorsque l’effet est moyen, et vert lorsque l’efficacité est élevée. Voici nos résultats :

• Les interventions axées sur la pleine conscience et/ou la méditation sont des interventions qui sont plutôt efficaces à un degré moyen;
• Une intervention sur le développement d’attitudes personnelles comme développer son expression orale pour mieux parler en français et en anglais a un degré d’efficacité moyen;
• Les interventions basées sur les thérapies cognitivo-comportementales sont des interventions qui ont rapporté un effet significatif, mais faible;
• Les interventions basées sur des techniques de relaxation, comme la respiration ou le yoga, ont aussi un effet faible.
• Au niveau des conditions de travail, deux méta-analyses portaient sur l’amélioration du soutien social soit par les collègues soit par le supérieur, mais aucun effet n’a pu être détecté.

• Les thérapies de type cognitivo-comportementales et les techniques de pleine conscience ou de méditation sont très nombreuses dans la littérature. Elles semblent diminuer les symptômes de l’épuisement professionnel, comme pour la détresse psychologique, mais à un degré plutôt faible.
• Les interventions axées sur le développement de compétences personnelles avaient aussi un effet faible.
• Les interventions dites de télésanté mentale offrent un soutien moyen pour leur efficacité.
• Plusieurs autres interventions ont été relevées comme n’ayant aucun effet pour réduire les problèmes d’épuisement professionnel, autant au niveau de l’individu (par ex. relaxation, gestion du stress, adaptation cognitive) que des conditions de l’organisation (par ex. soutien social, communication d’équipe, développement des compétences liées au rôle).

• Les thérapies cognitivo-comportementales, de pleine conscience, de méditation, sont les plus nombreuses à être utilisées pour diminuer la dépression. Toutefois, elles démontrent une efficacité plutôt faible.
• Les thérapies axées sur les technologies qui permettent de faire des interventions à distance, notamment celles qui sont axées sur la gestion du stress ou encore sur des résolutions de problème, ont un effet modéré pour faire diminuer les symptômes dépressifs.
• Les formations à la résilience et la psychologie positive qui travaillent sur les forces des travailleurs n’ont pas eu d’effet pour diminuer la dépression.
• L’intervention sur la participation des employés à l’amélioration de l’environnement de travail n’a pas eu d’effet.

Conclusion

• Comme le démontre ce Flash Recherche, il y a des pratiques qui sont efficaces, mais il n’y a pas encore assez d’études pour bien évaluer la dimension méso;
• Plusieurs interventions au niveau micro sont significatives et démontrent clairement qu’elles sont efficaces, mais cette efficacité demeure relativement faible ou modérée;
• Le niveau macro ne semble pas encore avoir fait l’objet d’interventions assez nombreuses pour la réalisation d’une méta-analyse;
• Il est largement reconnu que les demandes psychologiques au travail (charge de travail, rythme de travail, demandes conflictuelles) sont un puissant déterminant des atteintes à la santé mentale, mais aucune méta-analyse ne semble avoir été réalisée sur des interventions ayant pour objet ce déterminant;
• Il faudrait développer les pratiques visant le rehaussement de la participation directe des employés que nous avons documentée avec SALVEO et ELOSMET comme associé à un taux plus faible de réclamations pour problèmes de santé (SALVEO²) et d’absentéisme (ELOSMET³);
• Dans les interventions, on observe une surreprésentation du milieu de la santé (infirmières, médecins, autres professionnels de santé). Il serait donc important de développer les interventions dans d’autres milieux de travail.

Références :

1. https://www.osmet.umontreal.ca/projets/meilleures-pratiques/
2. Marchand, A., Haines, V. Y., Harvey, S., Dextras‐Gauthier, J., and Durand, P. (2016) Health and Stress Management and Mental‐health Disability Claims. Stress & Health, 32: 569–577.doi: 1002/smi.2663.
3. Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (Octobre 2020). Absentéisme et pratiques de gestion de la santé et du mieux-être au travail. Collection FLASH Recherche, Université de Montréal. https://www.osmet.umontreal.ca/flash-recherche-labsenteisme-et-les-pratiques-de-gestion-en-sante-et-mieux-etre-au-travail/

A propos de l’OSMET

L’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (OSMET) est né d’une collaboration avec la Faculté des arts et sciences, l’Institut de recherche en santé publique (aujourd’hui devenu le Centre de recherche en santé publique) et l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal. L’OSMET bénéficie du soutien financier de quatre partenaires fondateurs : Solutions Mieux-être LifeWorks (auparavant Morneau Shepell), McKesson Canada, Croix Bleue Medavie et Pratt & Whitney Canada.

Ce contenu a été mis à jour le 18 juillet 2023 à 0h15.